Face à une conjoncture particulièrement difficile, beaucoup de personnes décident de créer leur entreprise. Le choix du domaine d'activité est parfois difficile. La tendance est aux nouveaux concepts qui fleurissent un peu partout et qui s'inscrivent dans les modes de consommation de demain. Dans le domaine de la restauration rapide, l'activité de coffee shop est très prisée. Ouvrir son coffee shop s'inscrit dans une tendance actuelle forte !
Il faut dire que les séries et les films américains ont une forte influence sur nos modes de consommations européens. Qui n'a jamais vu Bryan, Mickael ou Jack sortir d'un coffee shop dans les rues de Manhattan, en costard, avec son gobelet à la main, une malette en cuir dans l'autre, prêt à refaire le monde ou encore les médecins et infirmières désambulant dans les couloirs des hopitaux sirotant "a cup of coffee" et grignotant un cookie ? Forcément ça donne envie d'ouvrir son coffee shop !
Et puis, lorsqu'on y réfléchit un peu plus et qu'on essaie de se projeter dans le métier de Barista on se dit qu'on va servir des cafés à longueur de journée, discuter avec les clients, être son propre patron, gagner un peu d'argent et lorsque l'activité sera plus calme, on pourra bouquiner "The Time magazine" ! Bon c'est décidé, je me rends dans un coffee shop pour me rendre compte concrètement...
Me voilà partie, j'ouvre la porte, je rentre. Entre l'accueil chaleureux, le sourire de la demoiselle, l'odeur, l'ambiance, la convivialité, la déco je ne sais pas encore ce que je préfère. Je n'ai pas encore goûté le cookies et le caramel macchiatto que je viens de commander, mais ça y est je suis conquise et décidée : je vais ouvrir mon coffee shop !
Je réfléchis, je me documente, je pianotte sur mon PC à longueur de journée, je tombe sur des articles de presse où des personnes parties de rien ont réussi à ouvrir plusieurs baristas... Plus tard, je tombe sur un article où un chef d'entreprise raconte ses difficultés avec ses salariés, la réglementation en matière d'hygiène trop compliquée, les charges trop lourdes qui font de sa vie un enfer. Je me dis que c'est sûrement qu'il s'y est mal pris. Moi j'y arriverai bien.
Une semaine se passe, je discute avec mon entourage, certains sont euphoriques à l'idée que j'ouvre mon coffee shop, d'autres sont plus méfiants. Forcément je préfère discuter avec les personnes enjouées mais j'apporte une petite attention aux discours plus mitigés de certains de mes proches : "As tu bien conscience que tu ne pourras pas te payer les premières années ! Tu va t'endetter ! Tu vas travailler du matin au soir ! Tu ne pourras pas prendre de vacances ! Et ta vie de famille !"
Ils ne sont pas drôles mais ils ont peut être raison ! Je continue mes recherches avec un oeil plus averti. Je vais sur "Google" et je tape : COMMENT OUVRIR SON COFFEE SHOP ?
Finalement c'est pas si compliqué d'ouvrir son coffee shop. Avec une motivation d'un coureur de fond prêt à faire le tour de l'Antartique en solitaire, à raison de 10 cafés par jour (c'est l'occasion de tester des fournisseurs), une dizaine de mois pour préparer mon projet, le temps de trouver un local, monter le dossier d'aménagement de 700 pages pour la sécurité (normes incendie, passage des personnes à mobilité réduite...), négocier le fond de commerce à l'aide de mon avocat, trouver mes fournisseurs, faire une demande d'autorisation auprès de la mairie, créer un site web, trouver des artisans, établir des devis, choisir un cabinet comptable, convaincre, monter le dossier bancaire d'une cinquantaine de pages, obtenir un financement, monter les dossiers de demande d'aides, faire les démarches auprès des banques, commander le matériel (caisse enregistreuse, machine à café, appareil carte bleue), prévoir ses formations obligatoires, gérer le chantier et si tout se passe bien j'arriverai sûrement à ouvrir avec pas trop de retard...
Un peu fatiguée, mais je peux enfin souffler ! Ah non c'est maintenant que tout commence. Au fait, faut que je prévois les recettes, les dosages et si j'embauche faut que je puisse former mes salariés, établir un contrat de travail, faut que je prévois des tenues. Bon on ne m'avait pas dit que l'Antartique était si vaste et pas grand monde à l'horizon pour me filer un coup de main. C'est pas grave, j'en ai vu d'autres ! J'ouvre mon coffee shop et je vais le faire tourner !
Premier tour de clés, je me prépare, blindée, prête à accueillir mes premiers clients. Ca tombe bien, les 10 premiers, je les connais, fastoche ! Ils partent les uns après les autres en me souhaitant bon courage. Et puis là pas grand monde qui passe devant la boutique, pas un qui rentre, j'ai dû oublier quelque chose : Mais oui la com' ! Oh la boulette ! J'ai oublié de prévoir mon marketing de lancement. Bon c'est pas grave j'ai plein d'idées : je vais faire des cartes de fidélité, des flyers, des affiches pour les abris bus. Et puis je n'ai pas fait d'étude de Marché, et si mon emplacement n'allait pas ?
3 mois se sont passés et j'ai l'impression d'avoir fait 3 fois le tour de la Terre... en "moon walk" : j'ai mal partout, je suis épuisée, le moral n'est pas au beau fixe et je n'ai pas grand monde sur qui m'appuyer. Le plus dur c'est que j'ai aussi une vie de famille et qu'elle compte sur moi. Bon je me ressaisie ! Après tout je fais 70 heures par semaine, je me paye pas encore, mais j'ai la santé. Faut que je trouve le moyen de dynamiser mon activité : je vais faire une nouvelle recette bien décidée à faire fonctionner mon coffee shop.
Patatra : 2 personnes qui débarquent dans la boutique : "Bonjour, contrôle sanitaire !". Heu, oui rentrez ! 1 heure d'enfer ! On ne m'avait pas dit que je devais prévoir des plans de travail pour chaque poste, que je devais relever les températures des appareils frigorifiques 2 fois par jour, que je devais être en mesure de conserver les emballages de chaque produit à la date d'ouverture, que je devais prévoir une "marche en avant", des contrôles sanitaires, une veille en matière d'hygiène, des plans d'actions, notifier les dates de sorties de chaque produits, les DLC secondaires, cloisonner les produits... Ils se sont arrêtés là, voyant à mon visage que je ne comprennais rien. Ils sont partis en me disant : dans 1 mois on revient, faut tout revoir sinon on fait fermer l'établissement. Je n'en peux plus, je quitte l'Antartique et je dérive... sur un Iceberg... jusqu'à temps qui fonde.
La semaine suivante c'est mon comptable qui m'appelle. "C'est quoi ces erreurs de caisse, vous m'avez pas donné les factures, vous risquez d'attirer l'attention de l'Administration fiscale". Qu'est ce qui me tombe encore dessus ? Et puis vous savez ce qu'on dit : jamais 2 sans ... ! Et Bim ! Cette fois ci-c'est un Monsieur qui rentre : "Contrôle Urssaf !" 'Heu, oui rentrez ! (Bis)". "Vous n'avez pas fait votre déclaration préalable à l'embauche pour vos derniers salariés. Ils n'ont pas fait leur visite médicale ?" "Heu... pas encore !" Il est parti en me disant : "dans 1 mois je reviens, faut tout revoir (bis)."
Pourquoi on ne m'avait pas dit tout ça !
Le monde entier m'en veut c'est pas possible, pourtant je prends de moins en moins de place (j'ai perdu quelques kg) sur mon iceberg qui fond à vue d'œil.
Et là Vlan, un employé absent, une menace de Prud'hommes. Le coup de grâce ! On en m'avait pas dit qu'il fallait se protéger, faire les papiers en temps et en heure, motiver mon personnel, dynamiser l'équipe, prévoir des challenges, des primes sur objectif... Mon iceberg s'est transformé en glaçons... Ca finira dans le blender de quoi me faire un frappé ; bien glacé. Plus grand chose pour me soutenir, je bois la tasse (à café), un goût un peu salé... Qu'est ce que j'ai mal fait ! Peu importe c'est décidé j'arrête, je rentre (à la nage).
Pas de bouée de sauvetage, pas le droit au chômage et quelques dettes à rembourser...
Gzzztttt (le bruit de la cassette qu'on rembobine) : Pour minimizer tous ces problèmes, je vais être prudente, je vais OUVRIR MON COFFEE SHOP EN FRANCHISE.
Finalemenent la franchise est un bon compromis, je suis indépendante c'est à dire que je me rémunère ce que je veux, je gère mon travail et mon planning comme je veux, j'embauche qui je veux, je fixe mes prix comme je veux, je choisis la publicité que je veux parmi un book de visuels et je bénéficie d'un Réseau qui valide un bon emplacement et me procure une renommée, une marque, un savoir faire, des prix préférentiels, un marketing, une assistance, une organisation... En contre partie, je reverse une redevance sur mon CA et je m'engage à respecter le bon fonctionnement de l'enseigne au même titre que tous les franchisés du réseau. Aujourd'hui beaucoup d'entrepreneurs font le choix de la franchise. Dans le domaine de la restauration, c'est un choix qui peut s'avérer judicieux face une réglementation particulièrement compliquée, une grande responsabilité envers les consommateurs et une concurrence importante.
La chance que j'ai eu avec mes associés, c'est d'avoir saisi les opportunités au bon moment, d'avoir été 4 associés pouvant s'épauler à des moments stratégiques et difficiles, avoir rencontré d'énormes problèmes et trouvé les solutions ; d'avoir travaillé 70 heures/semaine pendant 6 ans, en prenant très peu de vacances. J'ai dû faire une croix sur pas mal de choses. Aujourd'hui je n'ai pas de regrets car nous avons réussi en famille à développer un concept et l'ouvrir en franchise. Mais ça aurait pu mal tourné. Aujourd'hui nous avons une base solide, nous sommes équipés d'un laboratoire de fabrication, nous avons des établissements qui rencontrent un véritable succès et nous avons énormément "bossé" sur la forme (charte graphique, architecture, matériaux, flux clients...) et le fond (technologies innovantes, i-tech, process précurseurs...) qui garantissent un CA élevé. Nous sommes conscients des difficultés de l'entreprenariat en France et c'est pourquoi nous assistons nos franchisés dans leur démarches, leur réussite et/ou leur difficultés.
Mais ça serait à refaire et si j'avais été pleinement consciente du travail et des embûches que rencontre les entrepreneurs indépendants, je ne l'aurais sûrement pas fait, pas comme ça... Bien consciente des difficultés, mes associés et moi-même avons travaillé durement pour anticiper les problèmes et les faire éviter à nos franchisés.
Mon conseil : Ouvrir son coffee shop ? Oui, mais en Franchise !
Hélène, gérante Miss Cookies Coffee
Miss Cookies Coffee remercie la Région Bourgogne Franche-Comté et l'Union Européenne pour son soutien et son aide financière.
La Région et l'Union Européeenne sont intervenues en cofinançant la construction du siège de l'enseigne Miss Cookies Coffee, permettant à l'enseigne de se développer.L’équipe Miss Cookies Coffee